Douleur référée d’origine somatique ou neuropathique (maux de dos) (Facteur de santé pour les travailleurs avec un TMS)

Interprétation du facteur « Douleur référée d’origine somatique ou neuropathique (maux de dos) »

Pour les cas de maux de dos, la présence d’une douleur référée d’origine somatique ou neuropathique influence négativement le RT ou la durée de l’absence.

Définition du facteur « Douleur référée d’origine somatique ou neuropathique (maux de dos) »

Courte définition : Les douleurs référées sont des sensations de douleur provenant d’une région du corps éloignée du site de la blessure (« Referred Pain, » 2007). Dans le cas d’une douleur lombaire, la douleur référée pourrait descend le long de la jambe.

 

Pour en savoir plus :

La présence d’une douleur référée influence négativement le RT chez les travailleurs avec un mal de dos (Du Bois et Donceel, 2008; Schultz et al., 2002; Turner et al., 2008). Plus précisément, la douleur sous le genou est bien connue comme un facteur de mauvais pronostic de l’incapacité liée à la douleur chez ces travailleurs (Hartvigsen et al., 2018), ce qui explique pourquoi la question  » La douleur au dos s’est-elle étendue à la (aux) jambe(s) au cours des deux dernières semaines ?  » a été retenue par le groupe de travail du NIH (National Institute of Health) pour définir les standards en recherche pour les lombalgies chroniques (Deyo et al., 2015).  En fait, ces douleurs dans les jambes se manifestent par de nombreuses présentations cliniques différentes et constituent un phénomène très hétérogène, car elles peuvent être d’origine somatique ou neuropathique, ou les deux à la fois. Quelle que soit son origine, la douleur référée représente un état plus grave que lorsque la douleur est localisée sur le site de la blessure.

 Pour les professionnels de la santé. Différencier les douleurs somatiques des douleurs neuropathiques liées au dos et aux jambes est essentiel pour orienter le traitement, mais ce n’est pas une tâche facile. Si les douleurs lombaires et les douleurs référées d’origine somatique sont courantes, les douleurs référées d’origine neuropathique ne le sont pas. La douleur référée d’origine somatique est produite par une stimulation nocive des terminaisons nerveuses au sein des structures rachidiennes telles que les disques, les articulations zygapophysaires ou les articulations sacro-iliaques et est perçue dans les régions qui partagent la même innervation segmentaire que la source (Bogduk, 2009). La douleur référée somatique n’étant pas causée par la compression des racines nerveuses, elle ne présente aucun signe neurologique. La douleur référée somatique s’étend à de vastes zones dont les patients ont souvent du mal à définir les limites. La douleur référée d’origine neuropathique fait référence à la douleur radiculaire ou à la radiculopathie, deux affections apparentées mais distinctes. La douleur radiculaire est provoquée par une stimulation mécanique de la racine dorsale ou de son ganglion. La hernie discale est la cause la plus fréquente, et ce n’est que si les racines nerveuses sont inflammées que la stimulation mécanique évoque une douleur radiculaire (Bogduk, 2009). Le terme « sciatique » provient d’une époque où les mécanismes de la douleur référée n’étaient pas compris ; la taxonomie de l’IASP (International association for the study of pain) recommande de le remplacer par « douleur radiculaire ». La radiculopathie est différente de la douleur radiculaire et peut ne pas être accompagnée de douleur. La compression des racines nerveuses par des structures rachidiennes dégénérées (hernies discales, facettes articulaires et/ou graisse épidurale) peut entraîner une radiculopathie qui irradie distalement vers le genou. La radiculopathie est un état neurologique dans lequel la conduction est bloquée le long d’un nerf rachidien ou de ses racines, bloquant les fibres sensorielles ou motrices et entraînant un engourdissement ou une faiblesse (Bogduk, 2009).  Les experts s’accordent sur les bons indicateurs cliniques d’une douleur référée d’origine neuropathique (Mistry, Falla, Noblet, Heneghan et Rushton, 2020), tels que la douleur décrite comme brûlante, ressemblant à une décharge électrique et/ou pénétrant dans la jambe, et la douleur associée à d’autres symptômes neurologiques (p. ex. picotements, engourdissement, faiblesse musculaire et perte de sensibilité ou sensations).

 Bogduk, N. (2009). On the definitions and physiology of back pain, referred pain, and radicular pain. Pain, 147(1-3), 17-19. doi: 10.1016/j.pain.2009.08.020

Deyo, R. A., Dworkin, S. F., Amtmann, D., Andersson, G., Borenstein, D., Carragee, E., . . . Weiner, D. K. (2015). Report of the NIH Task Force on Research Standards for Chronic Low Back Pain. Phys Ther, 95(2), e1-e18. doi: 10.2522/ptj.2015.95.2.e1

Du Bois, M. et Donceel, P. (2008). A screening questionnaire to predict no return to work within 3 months for low back pain claimants. European Spine Journal, 17(3), 380-385. doi: 10.1007/s00586-007-0567-8

Hartvigsen, J., Hancock, M. J., Kongsted, A., Louw, Q., Ferreira, M. L., Genevay, S., . . . Woolf, A. (2018). What low back pain is and why we need to pay attention. The Lancet, 391(10137), 2356-2367. doi: 10.1016/s0140-6736(18)30480-x

Mistry, J., Falla, D., Noblet, T., Heneghan, N. R. et Rushton, A. (2020). Clinical indicators to identify neuropathic pain in low back related leg pain: a modified Delphi study. BMC Musculoskelet Disord, 21(1), 601. doi: 10.1186/s12891-020-03600-y

Referred Pain. (2007). Dans R. F. Schmidt et W. D. Willis (édit.), Encyclopedia of Pain (p. 2106-2107). Berlin, Heidelberg: Springer Berlin Heidelberg.

Schultz, I. Z., Crook, J. M., Berkowitz, J., Meloche, G. R., Milner, R., Zuberbier, O. A. et Meloche, W. (2002). Biopsychosocial multivariate predictive model of occupational low back disability. Spine, 27(23), 2720-2725.

Turner, J., Franklin, G., Fulton-Kehoe, D., Sheppard, L., Stover, B., Wu, R., . . . Wickizer, T. (2008). Early predictors of chronic work disability: a prospective, population-based study of workers with back injuries. Spine, 33(25), 2809-2818.